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Territoriales 2022 : Une bérézina prémonitoire de la fin d’une époque


Rédigé le Mercredi 26 Janvier 2022 à 12:01


La coalition de la majorité présidentielle, Benno Bokk Yakaar, malgré les lectures fantaisistes de ses leaders, vient de subir un revers humiliant avec les résultats des élections territoriales du Dimanche 23 Janvier 2022. Des élections aux allures de référendum et de test, tant pour le pouvoir que pour l’opposition à moins d’un an des émeutes de Mars 2021 et à cinq mois des législatives.


En perdant les grands villes, Dakar, Ziguinchor, Kaolack, Guédiawaye, Thiès, Diourbel, en voyant ses leaders de dimension nationale mordre la poussière, jusque dans leur propre centre voire bureau de vote, tous des Directeurs généraux, Ministres et j’en passe, qui ont déployé de moyens logistiques et financiers énormes, BBY, est assurément au crépuscule de son règne.
Le phénomène est d’autant plus curieux que leurs bourreaux sont pour la plupart des jeunes investis, ce qui augure d’un renouvellement de la classe politique par une belle cure de jouvence.

Les grandes Villes bastions du rejet du régime de Macky Sall
Bien avant la date du 23 Janvier certains analystes n’hésitaient pas à considérer que les élections territoriales de cette année avaient des enjeux nationaux, car situées à quelques mois des législatives, à deux ans de la présidentielle, et dans un contexte de crise multiforme : sanitaire, économique, politico-judiciaire etc.

La Ville de Dakar, le plus grand électorat, tant convoitée par le pouvoir depuis 2009, en tombant entre les mains de Barthelemy Dias de Yééwi Askanwi, malgré les moyens colossaux déployés et les enjeux, est un signe de radicalisation dans l’opposition au pouvoir de Macky Sall, par les électeurs de Dakar. Les jeunes en première ligne.

Le mal est si profond que Dakar est rejoint dans cette opposition par Ziguinchor, Kaolack, Diourbel, Guédiawaye, et Touba la sainte avec sa sphère d’influence énorme.  A Ziguinchor, Sonko et Yééwi ont simplement raflé et la Ville, et 15 communes, ne laissant que des miettes à BBY. En votant bulletin blanc, Touba a, on ne peut mieux, vomi le pouvoir en place. Un « tout sauf BBY » sans jambage !
Il s’y ajoute qu’au moment où ses lignes sont écrites, des clameurs de manipulation des résultats fusent à Thiès, Rufisque et bien d’autres localités.  A Rufisque, par exemple, le Dr Ousmane Cissé aurait gagné l’essentiel des centres de vote, mais ça manœuvre sec pour installer l’ancien ministre de la justice et constitutionnaliste clivant, Ismaël Madior Fall.

Si à Saint Louis le maire sortant s’est défait de Abba Mbaye de Yééwi Askanwi et du professeur Mary Teuw Niane, il se susurre qu’il ne doit sa victoire qu’à une vaste entreprise d’achat de conscience, et surtout, l’intervention de la première Dame qui aurait, elle-même battu le macadam dans la vieille ville, pour faire la campagne de son frère menacé. Sous cet angle les grosses banlieues comme les Parcelles Assainies, Guédiawaye soulignent d’un marqueur indélébile le tsunami vécu par le pouvoir en ces élections territoriales.

Ses personnalités nationales laminées…BBY décapité
La déroute de grandes personnalités de l’Etat, et de hauts responsables de BBY traduit, en vérité un rejet et un avertissement lancé à la coalition présidentielle, dont on s’interroge d’ores et déjà comment elle va garder son unité face à cette bérézina.

Thiès, la rebelle, longtemps fief de Rééwmi et de son président Idrissa Seck est sans doute le cas le plus notoire des personnalités de premier plan battues dans leur bastion. A Thiès donc, Idrissa Seck et Yankhoba Diattara, candidat à la Ville, ont été simplement humiliés, car battus dans leur bureau de vote respectif par Thierno Alassane Sall de République des Valeurs au bureau N° 3 du centre Malick Kairé, et le Dr Babacar Diop de Yééwi Askanwi. Inédit. Abdoulaye Baldé, plusieurs fois ministre, malgré le ralliement de Doudou Ka DG de l’AIBD a mordu la poussière donc à Ziguinchor, où le défiait le leader de Pastef, et avec lui Benoit Sambou une des grandes figures de l’APR originel.

Le leader de Pastef, passait un test grandeur nature et pour les législatives de Juin et pour la présidentielle de 2024. Un gros risque, car s’il était battu, beaucoup lui aurait demandé de mettre de l’eau dans son vin, et il s’éloignerai fort bien de l’avenue Roume. Là il met la pression sur le pouvoir.
A Dakar, Diouf Sarr ministre de la Santé doublement battu, par un adolescent, Seydina Issa Laye Samb à Yoff, et à la ville de Dakar par Barthelemy Dias. Non loin à Guédiawaye, le tonitruant Ahmad Aidara, animateur de radio, gagne devant Aliou Sall, milliardaire et  jeune frère du président de la république. Tout un symbole. Le ministre de l’économie et du Plan Amadou Hott n’a pas pu venir à bout Bara Gaye du PDS, malgré les moyens supposés être les siens au regard de son portefeuille, idem pour Cheikh Ba le richissime DG de la très liquide Caisse des Dépôts et Consignation, battu par Bamba Fall l’ex-ami des Pastefiens reconverti Gueum sa bop, le bien nommé en l’occurrence.  Un Dg pouvant en cacher un autre, celui du Port Autonome de Dakar, le brillant Ababacar Sédikh Béye n’a pas réussi à déboulonner Cheikh Guéye de Yééwi Askanwi à Dieuppeul Derklé.

Vers une alternance générationnelle…la fin des partis historiques
La photo du jeune Seydina Issa Laye Samb, tombeur du ministre Diouf Sarr parue dans la presse est emblématique de la prise de pouvoir par la jeunesse. Une des principales leçons de ce scrutin c’est sans doute la prise de pouvoir par une nouvelle génération, principalement portée la coalition Yééwi Askanwi. Cet avènement correspond à la montée des idéologies « souverainiste et populiste » à l’image de toute la sous-région, voire du continent. Notamment au Mali et en Guinée, nos voisins et peut être au Burkina.
Souleymane CAMARA, 38 ans a brisé les rêves de la ministre Zahra Iyane Thiam, un manque d’élégance que vengera une inconnue du nom de Khadija Mahécor Diouf qui a eu l’outrecuidance de se défaire du DG de la LONASE, Lat Diop qui avait la faveur des pronostics après le retrait de Aida Sow Diawara icone du PS. Moussa SY des Parcelles Assainies a comme tombeur le jeune Djamil Sané.

En même temps qu’apparaissent les jeunes sur l’échiquier politique, on constate un affaissement des partis politiques historiques, qui deviennent des acronymes muets et répulsifs : AFP, PS, PDS, PIT, LD et autres deviennent simplement dissonants.

A l’horizon de la présidentielle de 2024 la vieille garde de la classe politique et ses appareils de conquête de pouvoir risquent de disparaitre.
 
Samba Moussa LY
 
 
 
 
 












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