notretempsn

Transhumance : les cas Aissata Tall Sall, Bamba Fall


Rédigé le Lundi 28 Février 2022 à 14:21


La première vague de transhumants remonte au lendemain de l’accession de Abdoulaye Wade au pouvoir à la faveur de la première alternance politique au Sénégal. Ainsi, beaucoup de ténors socialistes ont rejoint le Pds au pouvoir après 40 ans de règne. Les sénégalais ont été choqués et scandalisés par ce phénomène inédit, qui bafoue toute conviction idéologique et égratigne l’éthique politique.
Installé dans nos mœurs à présent, le phénomène garde toujours sa lourde capacité à susciter l’indignation des sénégalais. L’illustration parfaite a été fournie par le fameux ralliement de Me Aissata Tall Sall, ci devant Ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur suivi de celui Bamba Fall, maire de la Médina nouvellement nommé Ministre conseiller auprès du président Maky Sall, tous deux ex- membres du PS.


Installé dans nos mœurs à présent, le phénomène garde toujours sa lourde capacité à susciter l’indignation des sénégalais. L’illustration parfaite a été fournie par le fameux ralliement de Me Aissata Tall Sall, ci devant Ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur suivi de celui  Bamba Fall, maire de la Médina nouvellement nommé Ministre conseiller auprès du président Maky Sall, tous deux ex- membres du PS.
 
Une égérie lasse d’être esseulée
Me Aissata Sall, brillante avocate, à la faconde appréciée, a milité au Ps à la faveur de sa première nomination, comme ministre de la communication de Abdou Diouf, alors que Ousmane Tanor Dieng, le premier secrétaire tenait de main de maitre le parti socialiste, suite au  congrès extraordinaire de 1996.
Cette belle créature, venue des berges du fleuve Sénégal, de Podor, ancienne escale fluviale, au cœur de la région historique du Fouta, a pendant très longtemps jouit d’une estime considérable de ses compatriotes.  Elle leur doit cette estime grâce à son éloquent pedigree, membre du bureau politique du Ps, où elle distribue, tour à tour, effluves de parfum très haut de gamme, et réparties soignées et choisies. Femme, avocate et intellectuelle, sa riche carrière, si riche qu’elle l’a mené au cinéma, dans un rôle qu’elle affectionne, pour en avoir fait son métier, et sa fidélité à ses principes avaient fini d’en faire l’égérie la plus sexy du PS.

 « Socialiste un jour, socialiste toujours. Nous sommes nés et avons grandi dans des familles socialistes, c’est dans les gènes » m’a-t-elle confié une après-midi de l’an 2008, dans le secret de son bureau sis au Plateau. A quelques jets de pierre de l’assemblée nationale. Et d’ajouter « J’ai failli décliner l’offre du président Diouf, car en vérité ce ministère ne m’intéressait pas tant que ça ». Cette femme boute en train est d’un courage illuminé par une intelligence remarquable dès le premier regard. « C’est le ministère des Affaires étrangères que je voulais » m’a-t-elle murmuré, peu fière !

Son charisme s’est sans doute accru, lorsqu’elle est devenue maire de Podor en 2009, puis en battant le richissime candidat à la mairie de Podor, Mamadou Racine SY, par ailleurs patron du King Fahd,    leader de la fédération patronale des industries hotelières et touristiques du Sénégal  et bien d’autres choses. C’était en 2014. Un combat épique qui a fait couler beaucoup d’encre et nourri tant de commentaires. Définitivement dans le cœur des sénégalais, cette dame boute en train, qui humilie des mâles et pas des moins nantis, dans cet espace politique si masochiste, claque les portes du Ps et lance son mouvement « Oser l’avenir » à la veille des législatives de 2017.

Lasse d’être esseulée au sein d’un parti socialiste redevenu l’ombre de lui-même. La voilà députée à l’assemblée nationale au plus fort reste.

Elle devient une implacable opposante au régime de Macky Sall, usant de son charisme reconnu, pour maintes   fois, renvoyer les cadres de l’APR  « dans les cordes », et de sa verve, pour s’illustrer dans la grisaille des députés à l’assemblée nationale.

En rejoignant le président Macky Sall, au lendemain de la réélection de celui-ci à la présidentielle de 2019, les sénégalais ont été dépités et désorientés. Non, pas elle ! Elle l’avait pourtant dit : « Oser l’avenir ». Elle a osé et gagné son poste rêvé, et donnant ainsi à la transhumance ses lettres de noblesse, à l’écouter simplement se défendre, contre la « vindicte populaire ».  Arguant de fortes pressions familiales et maraboutiques, Me Aissata Tall Sall n’a point convaincu les nombreux sénégalais qui croyaient en elle. Depuis lors, elle habite les airs, et rend visite à la terre ferme pour inaugurer les chrysanthèmes, maintenant qu’elle est devenue le point focal du monde entier au Sénégal.

Une transhumance au nom de la réalpolitique dont les ressorts sont arrimés à l’objectif politique, par-delà les convictions du même ordre. Le scandale des passeports diplomatiques qui a indigné tout le pays  parachève l’érosion de l’estime des sénégalais. Et pas que !

Bamba Fall, ce n’est pas la girouette qui tourne….

Le parti socialiste sera frappé d’un nouveau départ, vers les prairies marron-beige, d’un de ses militants très engagés, en la personne de Bamba Fall, le maire de la médina, héritier de feu Ameth Diène, l’icône socialiste de la commune.

Ahmadou Bamba Fall à l’état civil a été jusqu’ en 2014, adjoint à Me Biram Sassoum Sy, qui, très occupé sur le plan international, en avait fait son délégataire de signature. Quand bien même n’était-il que 4éme adjoint. Un fait qui changera la vie de ce jeune inconnu de la médina. Car à la disparition de son mentor socialiste comme lui, il sera élu par les conseillers municipaux maire de la médina. Il me confiera lors d’un entretien « Je suis un enfant de la médina, ancré sur le territoire communal et vivant avec les populations ».

En 2014, contre toute attente, il va renouveler son bail avec la vieille commune,  sous la bannière de Taxawou Dakar de Khalifa Sall, en écrasant le candidat Seydou Guéye, soutenu par l’APR et sa flopée de personnalités dont Maimouna Ndoye  Seck, Eva Marie Coll Seck,  Dr Pape Abdoulaye Seck,Youssou Ndour. Cette victoire scelle son amitié avec son leader Khalifa Sall, et, lui fait croire à un destin politique national. En effet, elle permet à Bamba Fall de viser haut, les législatives de 2017 comme repère. Il lui faut désormais viser plus haut, pour avoir transcendé cette forte adversité. Aussi est-il le candidat de Manko Taxawou Sénégal aux élections législatives de 2017. Un flop. Il n’obtient que 1231 VOIX pour ces élections, contre 4939 aux locales de 2014. Une question a toujours hanté Bamba, celle de savoir si Khalifa Sall est la voie ou non de son ascension.

C’est pourquoi les relations entre les deux hommes sont fluctuantes, faites de séparation et de retrouvailles, selon les situations politiques. Cette instabilité est cependant toujours orientée par les prises de position de l’enfant de la médina, qui, depuis sa désillusion en 2017 se livre à une valse à quatre temps, entre l’opposition et le régime de Macky. Ce après avoir fait un bref retour au Ps.

En effet lorsque Khalifa était dans les liens de la détention dans l’affaire dite de la caisse d’avance, Bamba Fall, banni chez les socialistes se rapprochait de Macky Sall. Et celui-ci n’a pas hésité à lui envoyer une très forte délégation, en Février 2018, dirigée par le Premier ministre d’alors, Boune Abdallah Dione, et comprenant Oumar Youm, ministre des collectivités, et son collègue de l’intérieur Aly Ngouile Ndiaye, ainsi que Yakham Mbaye DG du SOLEIL pour lui présenter ses condoléances, suite au décès de son oncle. Il a tellement tressé de lauriers à Macky Sall, à cette occasion, qu’il n’avait pas manqué de lancer un « certains diront que je suis en train de préparer ma transhumance » encore retentissant. Il ne s’y est pas trompé en le disant. Et ceux-ci en le pensant, non plus !

En fin stratège, le président enfoncera le clou, et jettera définitivement le doute sur la loyauté de Bamba Fall à l’égard de Khalifa Sall et du PS, le 8 Mars 2018 au stade Iba Mar Diop, lors de la célébration de la journée de la femme. Macky Sall soulignait le fait qu’en une semaine, leur agenda respectif les a réunis et que ce n’est point un hasard.

Dès lors, à Taaxwou, Bamba Fall n’est plus sur leur tablette, la confiance a fait place à la méfiance, et les investitures de 2022 viendront le confirmer.

Mais déjà, en 2019, Khalifa Sall en prison, le maire de la Médina a refusé de suivre les consignes de vote en faveur de Idy 2019, alors que ses alliés dans Taxawou, Barthélemy Dias, Soham Wardini et Cheikh Guéye battaient le macadam pour la coalition précitée. Il dira à ce propos « Je ne suis pas un Khalifiste, mais un socialiste derrière Khalifa Sall ». Et de rappeler que tout socialiste qu’il est, Khalifa Sall a bien refusé de suivre OTD dans son soutien au candidat Macky Sall. Alors pourquoi lui nierait on ce droit ?

Mais à quelques mois des territoriales de 2022, c’est à Paris que les deux hommes, sous l’égide de Mansour Sy Djamil scelleront leurs retrouvailles, conscients qu’ils ont besoin l’un de l’autre, qui pour gagner la commune, qui pour gagner la Ville de Dakar. C’est du « Je te tiens, tu me tiens, on se tient à la queleuleue ».

C’est oublier la vigilance de Taxawou Sénégal, qui a fini de convaincre la coalition Yééwi Askan Wi des fourberies de Bamba Fall. Aussi fut-il simplement écarté des investitures. On lui préférera Ousseynou LY de PASTEF, jusqu’ici inconnu du grand public, si ce n’est dans les réseaux sociaux. Il criera à l’ostracisme, claquera la porte, et s’en ira prendre son destin en main, avec la coalition Guem sa Bop de Bougane Guéye Dany, non sans appeler Soham Wardini, qui vit la même chose à le rejoindre, en étant la candidate à la Ville de Dakar pour la coalition du PDG de D-média.

Contre toute attente, l’enfant terrible de la médina fera un remake de 2014, en battant à plate couture les deux grandes coalitions que sont de BBY et YAW, malgré les fortes adversités que sont Cheikh Ba, Seydou Guéye et autres.

Comme en 2014, nous sommes à quelques 5 mois des législatives, et que chat échaudé craint l’eau froide, Bamba Fall, auréolé de sa victoire, répond aisément à l’appel de Macky Sall. Le nouveau ministre conseiller du Chef de l’état doit certainement penser très fortement au mois de Juillet. Sans doute.

Nul ne serait surpris s’il revenait à Guem sa bop au cas où à BBY l’on ne veuille pas le mettre à la bonne place des listes électorales pour les législatives prochaines du 31 Juillet.
Joint au téléphone, un de ses militants a fait part du désarroi qui règne dans les rangs du maire, qui s’est emmuré dans un silence. Et d’ajouter Bamba Fall a vendangé ses chances de devenir député, le comble, c’est qu’il a dit haut et fort, faire son dernier mandat de maire.
 
Samba Moussa LY
 
 
 












Partager ce site

Derniers tweets