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Elections territoriales de 2022 : Dakar la mère des batailles !


Rédigé le Lundi 18 Octobre 2021 à 00:02


A trois mois des élections, le landerneau politique est dans une effervescence maximale. Les coalitions se font à peine et se défont, sur fond de querelles de leadership. Les prétendants à la candidature sont à couteaux tirés dans la course qui mène à l’investiture, faisant les choux gras de la presse.


Si la majorité présidentielle se fixe comme objectif de reprendre la ville de Dakar aux mains de l’opposition pour rassurer et se rassurer, en prélude à la présidentielle de 2024, l’opposition à travers Yeewi Askan Wi   elle, qui voudrait rempiler ne l’entend pas de cette oreille. C’est ce qui donne à ces élections des allures de référendum (oui ou non à la mouvance présidentielle) et de test de représentativité avant l’échéance de 2024 pour les différentes chapelles politiques et de leur tête de gondole.

Les élections locales de 2022 seront d’autant plus   disputées que chaque candidat à la candidature devra passer par le filtre des états-majors à défaut de la tenue de primaire, tant les prétendants foisonnent. Il en est ainsi aussi bien dans la majorité présidentielle que dans les différentes coalitions de l’opposition et des « indépendants ». Quelles sont les chances des uns et des autres, dans leur camp respectif, et face à l’autre camp ?

BEENNO BOKK YAAKAR : le spectre des candidatures dissidentes

 La majorité présidentielle a tout mis en œuvre pour sauvegarder ses chances de succès dans ces élections, en amont, elle a procédé à un découpage électoral à son avantage, ce que les Américains appellent par Gerrymandering. Ainsi par exemple, les communes du département de Pikine qui ne lui sont pas favorables sont rattachées à la Ville de Guédiawaye dirigée par un certain Aliou Sall, frère du président et membre de l’Apr. Keur Massar érigé en département accueille la commune de Yeumbeul Sud fief de l’opposant libéral Bara Gaye etc…

Ce n’est pas un hasard si les élections qui devaient se tenir en 2019 ont été moult fois reportées.  La majorité a pris le temps de démanteler l’opposition en accueillant des maires élus sous les couleurs de Taxawu Dakar en 2014, pour sécuriser une victoire programmée. En 2014 seules trois communes d’arrondissement sur 19 étaient dans la mouvance présidentielle. A ce jour parmi les 16 raflées par Taxawu Dakar au moins 10 ont vu leur Maire transhumer vers le pouvoir.

A Benno Bokk Yakaar, le mot d’ordre est clair depuis la tournée économique du président Maky Sall dans le Matam. En dernière instance, c’est chef de l’état, chef de l’APR qui va statuer sur les investitures. 
Le président Maky Sall tire sans doute les leçons des élections de 2014 qui a vu le parti présidentiel présenter plusieurs candidatures dissidentes.  Le résultat on le sait, son parti a été laminé dans plusieurs grandes villes du pays dont Ziguinchor, Saint Louis, Dagana, Podor Thiès, Touba et. Et suprême humiliation à Dakar où la coalition Taxawu Dakar a écrasé Mimi Touré alors Premier Ministre.
 Mais qu’à cela ne tienne ! Cela n’empêche pas pour autant certains leaders d’affirmer leurs ambitions dans le désordre, faisant fi du mot d’ordre de la Conférence des leaders, le saint des saints dont l’onction est  nécessaire. La preuve est fournie par le duel Amadou Ba vs Abdoulaye Diouf Sarr dont l’issue est incertaine.

En effet c’est chez Baaba Lamine Niasse, frère et représentant du Khalife de Médina Baye et en compagnie d’une forte délégation comprenant entre autres le député DiopSy, Pape Maël Diop ex- DG des Aéroports du Sénégal et par ailleurs Directeur des structures de l’APR, instance régulière et centrale du parti, Babacar Guéye Opérateur économique et personnalité de la Médina, membre de l’AFP, Moussa Sané député, qu’Amadou Ba, ancien ministre de l’économie et des finances, ancien ministre des affaires étrangères a fait sa déclaration de candidature à la mairie de Dakar.

Une délégation, qui de par sa composition fleure bon la légitimation des instances du parti en sa faveur, et ce n’est pas peu, dans cette lutte pour emporter le choix de la coalition BBY et donc de Macky Sall.  Même si, l’ex argentier de l’état, transmettant le message du chef de l’état au guide religieux, a pris le soin de dire que sa déclaration de candidature dans cette rencontre n’engage que lui. Soit.

En face de cette mouvance, il y a ce qu’on appelle la candidature des Lébous, celle de Abdoulaye Diouf Sarr ministre inamovible de la Santé, portée par des personnalités de ce groupe social, pour éviter un lexique fâcheux, entre autres Abdoulaye Mokhtar Diop Grand Serigne de Dakar, plusieurs fois ministre sous Diouf, Alioune Ndoye le ci devant ministre de la Pèche et des Transports maritimes, et l’imam Diéne de la grande mosquée de Dakar. On se souvient qu’en 2014 seuls les villages Lébou avaient résisté à la déferlante de Taxawou Dakar. Une candidature qui renseigne sur les rudes empoignades en perspectives.

 D’un autre côté, nous avons les petits combats du   genre, Cheikh Ba vs Seydou Gueye à la Médina. Le premier, Directeur Général de la très liquide Caisse des Dépôts et Consignation, est réputé pour sa prodigalité, ce qui lui a valu le surnom de Messie. Aurait-il la préférence de Macky au détriment d’un des piliers du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, Seydou Guéye, qui y prend le petit déjeuner depuis 2012 ?

Que représente l’opposition à Dakar à trois mois des élections ?

Yééwi Askan Wi est la première coalition à voir le jour au sein de l’opposition qui n’arrive pas à harmoniser ses positions et arrondir ses angles afin d’être plus forte, en tirant   les leçons, de la présidentielle de 2019. A y regarder de près cette coalition est tirée par deux locomotives que sont Taxawou Dakar et Pastef.

Comme déjà évoqué plus haut Taxawou Dakar a perdu de sa superbe, et on peut réellement s’interroger sur les chances de cette coalition. D’autant qu’elle sera handicapée par sa figure de proue Khalifa Sall empêché pour des raisons judiciaires.

Mais le grand problème de cette coalition sera sans doute le choix de son candidat, entre pour le moment, l’actuel Maire Mme Soham Wardini, candidate à sa propre succession et Barthelemy Dias maire de Mermoz –Sacré cœur et bras droit de Khalifa Sall. Ce dernier doit se tirer les cheveux.

Peut-on se permettre de faire l’économie d’une candidature de l’actuel maire au regard de son bilan et de son magistère sans faute ni vague ? Elle qui a pris des initiatives très appréciées et par ses collègues et collaborateurs et par les populations. Difficile ! Khalifa Sall dans les liens de la détention, le pouvoir en a profité pour dégarnir ses rangs. Presque que toutes les maires élus sous la bannière de Taxawu Dakar ont rallié BBY à l’exception de Sohame El Wardini , Barthelemy Dias, Cheikh Guéye, Madiop Diop, Palla Samb, Babacar Mbengue. Bamba Fall figure emblématique de Taxawu Dakar en 2014 Ce dernier las de l’ostracisme dont il se dit être victime de la part des Pastefiens, vient de décider de quitter cette coalition pour lancer son mouvement Medina si khôl pour briguer un autre mandat.

La Grande Coalition Wallu Askanwi

Le Pds de l’ancien président Abdoulaye Wade a mis en place une coalition avec Bokk Guiss Guiss de Pape Diop ex maire de Dakar, le CRD qui est aussi un conglomérat de partis dont l’Alliance pour la Citoyenneté et le travail de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, Tekki, du député Mamadou Lamine Diallo, mais sans Thierno Alassane Sall de La République des valeurs et le juge Dème.

Réputé être une machine électorale, le PDS garde-t-il encore toutes ses forces électorales ? Que représente électoralement le CRD amputé ? Pape Diop leader de Bokk Guiss Guiss a déjà essuyé un revers en tentant de reprendre la mairie de la Ville de Dakar. Qui dans cette coalition pourrait battre le candidat de BBY et de Yééwi Askan Wi ?

Gueum Sa Bopp : David ou Goliath ?

Bougane Gueye Dany, patron de presse et néo politicien après avoir mené une querelle d’identité à Yéewi Askan Wi a mis en place sa propre coalition avec des mouvements peu connus et surtout avec de vieux politiciens, dont on pensait qu’ils étaient à la retraite. En l’état des choses on ne peut jauger ses forces.
 
La bataille de Dakar aura bien lieu, elle sera impitoyable et sans doute violente, mais surtout, elle préfigurera de ce que sera la présidentielle de 2024. C’est ce qui confère à ces élections locales un caractère national.
 
Isidore Séne
 
 












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